Le verbe « aimer » est le premier que l’école apprend aux enfants à conjuguer à titre d’exemple du premier groupe. Ils vont alors le réciter, voire le chanter jusqu’à plus soif. Pourtant, devenus adultes, ils auront, hélas, le plus grand mal à l’énoncer, particulièrement à la première personne du présent. Qui plus est, dans les leçons suivantes, l’enseignant s’empressera de lui adjoindre les auxiliaires être et avoir. Ainsi à peine assimilé au présent que le voilà au passé : « j’ai aimé »et « je suis aimé ». Le bon élève de conclure non seulement que l’amour est de nature volage puisqu’on le décline aisément au passé composé mais encore que l’ important est davantage d’être aimé que d’aimer puisque restant au présent à la forme passive contrairement à la forme active. Pour peu que l’on veuille encore l’utiliser en forme pronominale, l’enfant va transformer le « nous nous aimons » en un « je m’aime » narcissique. Etonnez-vous qu’ensuite ces élèves devenus adultes se séparent aussi facilement qu’ils s’unissent !
Le verbe « aimer » a tellement de sens, de degrés et de nuances différents que l’apprentissage de sa conjugaison devrait être accompagné d’un cours d’humanisme, encore appelé philosophie.
Ping : Aucun souvenir | Pierre Bussière