Un seuil est le franchissement d’une limite, parfois vers un ailleurs mystérieux.
J’ouvre la porte et fais l’esquisse d’un pas pour sortir mais retiens ma jambe car au delà du seuil il n’y a rien. Rien qu’un grand vide. Un vide absolu, sans fond, noir, silencieux et menaçant. Je voudrais reculer pour ne pas risquer de basculer mais une main inconnue fait pression dans mon dos pour m’en empêcher, alors au moins refermer la porte mais elle a disparu.
Dans un temps encore indéterminé mon cycle de vie se terminera, peut-être d’ailleurs sans que je m’en aperçoive. Un temps inévitablement trop court pour commencer ce que je ne pourrais pas finir. Déjà que je joue les prolongations d’un match au résultat déjà connu. À vouloir rafistoler les erreurs du passé, j’apprends qu’elles ne se réparent jamais et il ne m’en reste que les regrets non pas de ce que je n’ai pas fait, mais de ce que j’ai mal fait.
De jour en jour la mécanique du corps se rouille comme une vieille ferraille et le tableau électrique obsolète de mon esprit disjoncte de plus en plus fréquemment. Je deviens mon fantôme, parfois même un revenant.
J’aurais aimé disperser mes souvenirs dans mes cendres. Faute du livre que je n’ai pas su écrire, ils s’éteindront avec moi et je n’aurai été qu’un court instant ! Une loupiote, même pas écolo, dans l’univers des hommes.
Sensible et touchant. Merci pour cette « humeur », Pierre.
plein de sous-entendu de l’approche de la mort……
très émouvant
jacqueline