Y’a photo!

Quelle étrange expérience ! Pour faire plaisir à mon éditeur, j’ai accepté qu’un photographe professionnel me « tire le portrait » et je viens de recevoir une dizaine de clichés différents dans lesquels je dois en choisir un. Aucun, ai-je envie de lui dire ! Ils ne seraient pas réussies ?  Oh,si… justement, beaucoup trop !
 Laissons de côté l’apparence: Mes petites difformités et traces de l’âge sont miennes et n’ont pas à être retouchées sur le papier. Je suis comme je suis, dirait Prévert.  Seulement ces images de moi-même me déroutent un peu. Une glace ne me renvoie que mon propre regard  tandis que ces photos me donnent celui d’un autre. L’obturateur n’a pas moins de pitié que mes propres yeux mais ce qu’il dévoile est différent, soulignant, presque outrageusement, ce que je parais… ou transparais (Ne faisons pas du Shakespeare, tout de même !)
  Comment, en si peu de temps, cet homme, qui ne me connaissait pas quelques minutes avant d’opérer, a-t-il donné tant de présence à son modèle  ? A quoi tient l’humanité de ces photos ? Sans doute suis-je l’exégète de ce qu’elles me montrent, que d’autres n’y verront pas, comme, par exemple, ce que cache ce sourire à l’apparence un peu triste. Tout de même, je me sens un peu violé dans une intimité faite par définition pour rester cachée !

Tout jeter alors ? Ah! non ! Il en est une, au moins, que je garderai précieusement.  J’y prends une pose, derrière une table, le stylo à la main, un peu faussement décontracté. Celle-là, c’est moi qui l’ai voulue, avec une arrière-pensée. C’est que j’ai chez moi un portrait de mon père, réalisé il y a une bonne cinquantaine d’années et aussi pour raison professionnelle, déjà derrière son bureau, un Mont-Blanc dans la main et – d’évidence aujourd’hui- avec le même sourire. Ces photos  d’officielles deviennent personnelles et  jauniront ensemble. Je m’amuse même à imaginer qu’un jour l’un de mes enfants, les trouvant dans mon tiroir, voudra y ajouter la sienne !

Je ne la donnerai pas à l’éditeur pour qui je vais en choisir une autre, d’ailleurs plus décontractée.
Allez ! Ici -sur ce blog – je vous la montre, confidentiellement bien entendu !
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