Claire Berest a écrit : « Rien n’est noir » paru en poche et qui retrace la vie et l’œuvre de Frida Kalo. C’est mon coup de cœur et je souhaite le partager avec « paroles vagabondes ».
Voici un extrait qui relate l’instant de l’accident qui laissera Frida gravement handicapée pour le restant de sa vie.
« Elle n’a pas peur. Pourquoi n’a t elle pas peur ? Toutes ses pensées filent en une seconde. Et Alejandro n’a pas le temps de lui répondre, si tant est qu’elle ait vraiment prononcé cette phrase à voix haute.
« Regarde, Alejandro, le tramway ! »
Car le tramway entre littéralement dans le bus, la collision se fait très calmement pour elle, tout en silence et ralenti, le tramway entre dans le bus comme dans un rêve, sans faire de bruit. Le bus ploie, véritable élastique, qui accompagne docilement la déformation grotesque que ce tramway, entêté, inflige au bus rutilant en voulant passer au travers, le bus qui se tord de plus en plus, en fer à cheval, le bus qui se plie, comme un corps de madone violée sous les assauts d’un terrifiant butor, Frida sent à ses genoux un contact rassurant, mais illogique : ce sont les genoux de son voisin d’en face, qui la touchent maintenant dans ce bus plié en deux, les yeux arrondis d’étonnement et tout éclate…… »