Ils sont peut-être deux. Toujours est-il je me penche sur l’un, blanc, couché comme perdu, sur un trottoir peut-être, dans l’encoignure d’un mur.
Je le prends dans ma main. Sa rondeur fraîche m’aurait surprise si je ne dormais pas.
Que fait un œuf dans la rue? Et dans une main encore?
Un œuf d’un oiseau plus grand que la poule. Un cormoran peut-être, peut-être deux.
Je l’ai pris dans ma main et posé sur une soucoupe pourquoi?
Ce n’est pas évident de trouver une soucoupe à disposition dans la rue, mais mon souci est différent, peut-être en ai-je deux, le premier serait que tout paraît double car rien n’est nouveau, l’événement toujours se calque sur ce qu’on appelle un précèdent, et qui fait que mon regard bégaie.
Mon second souci est d’avancer lentement mais sûrement, dans la rue, une soucoupe à la main avec un œuf dessus, vers un endroit où le planter pour qu’il puisse éclore.
Je regarde l’œuf d’en haut.
Comme il est parfait et mutique.
Puis mon regard, mon regard et peut-être pas ma tête, décrit un mouvement de rotation qui ressemble à tout sauf à un geste, qui a la trajectoire parfaite, sans hésitation et sans grâce, des bras articulés sur les chaînes de montage, sauf qu’au bout du bras il n’y a ni main ni crochet mais ma vision, ma vision compréhensive et ô combien déçue, de constater que prise latéralement, du côté court de l’œuf, la coquille est brisée, un beau trou qui signifie clairement que l’éclosion a déjà eu lieu.
Sur ce un passant m’interroge :
— Vous cherchez à réparer ?
Sans doute avant j’aurais répondu un peu amène : « Cela ne se voit pas peut-être? ».
Aujourd’hui, ce n’est pas comme ça qu’on dit. On dit, depuis le côté long du visage d’où l’éclosion aussi a déjà eu lieu :
— Pourquoi le masquer?
J’ai découvert récemment le blog de Cécile Portier très original tant dans sa présentation que dans son écriture. Je suis heureux de vous en faire connaître l’un des textes et vous laisse lire le reste en cliquant sur le lien ci-dessous :
Petite racine
Dernier roman publié.