La tourterelle et le pigeon-vert.

La tourterelle et le pigeon-vert.

            Une tourterelle monta au ciel pour savoir ce qui se passait au-delà des nuages. Elle monta, elle monta, et le voyage se fit bien. Elle rencontra un pigeon-vert qu’elle reconnut comme parent et avec qui elle causa longuement elle parla de la vie d’en bas où l’eau était abondante, les insectes nombreux, les grains à portée des becs : où l’ombre ne manquait point alors qu’au ciel il était si difficile de vivre !

            Le récit fut merveilleux. Ce doit être bien beau là-bas ! se dit notre jeune pigeon-vert, désireux de vivre une vie douce, agréable et  facile.

–          Quand retourneras-tu, là-bas ? demanda-t-il à la nouvelle parente.

–          Demain, de bonne heure.

–          Pourrais-je t’accompagner ?

–          Volontiers !

Oh ! celui qui les aurait vu descendre du ciel, foncer à travers les nuages, se jouer des vents et se précipiter vers un manguier au flanc d’une colline ; celui qui aurait vu ces deux parents se donner l’accolade, se contempler à l’ombre fraîche, roucouler et chanter à leur façon, le bonheur, la liberté ; oh ! celui qui aurait vu cela, ne se ferait plus d’illusion sur la vie de ce monde.

            Pendant que les deux amis se parlaient dans leur langue  « pigeonnière », un enfant souffla dans sa sarbacane, et une petite flèche brisa la cuisse de notre pigeon-vert. Fuite éperdue, séparation éternelle ! la tourterelle, effrayée par le cri de son voisin blessé, battit des ailes, se faufila à travers les branches et, tremblante, alla se cacher dans un lointain feuillage. Le pigeon-vert fit tant et si bien qu’il échappa des mains de l’enfant. Seul maintenant, plutôt perdu que caché dans une touffe d’herbes, il médita sur son sort actuel. Ah ! se dit-il, que de méchancetés sur ce globe ! Et pendant qu’il maudissait sa destinée, un boa se jeta sur lui, voulant l’étouffer. Il échappa de justesse et put se poser sur une branche assez haute. Une grosse fourmi piqua la patte blessée ; une guêpe apporta sa contribution d’amertume. Enfin un taureau furieux vint secouer le petit arbre et mugit si fort que notre pigeon-vert pris de panique s’envola ; il eut encore la force de rejoindre le ciel. Il rencontra ses parents, leur raconta ses infortunes.

            Il leur dit : « La vraie misère est sur la terre ».

Rabarison

Agir avec Madagascar

 

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