L’erreur (scène3)

Devenez coach littéraire d’un livre ! Participez à une expérience unique et collective. Chapitre par chapitre, j’ai commencé à publier ici un roman  et le modifierai  au fur et à mesure en tenant compte de vos avis qu’ils soient de détail ou d’ensemble, de forme ou de fond. Vous pourrez également lire les commentaires des autres participants et ainsi les comparer à votre propre ressenti. Mais attention, les prochaines scènes seront réservées exclusivement aux fidèles abonnés. Alors si le cœur vous  dit d’en être, vous pouvez déjà lire et commenter les 3 premières scènes et pour poursuivre l’aventure, abonnez-vous vite ! C’est gratuit et d’une grande simplicité.  (“L’erreur” est le titre provisoire de cette histoire. Nous trouverons le définitif ensemble ! )

Très bientôt  la scène 1 modifiée. Une comparaison intéressante ! La preuve de la richesse du collectif !

La nuit de Lucien fut-elle agitée ? Pas vraiment. Trop physiquement fatigué, il s’endormit même assez rapidement et fit un rêve d’un érotisme juvénile malheureusement interrompu par un appel impérieux de sa vessie qui, elle, n’avait pas rajeuni.

Charlotte dormait quant à elle comme un ange, un léger ronflement en plus … un ronflement qui n’existait pas quand ils étaient jeunes mariés et qu’il l’appelait justement son ange !

Il ne risquait pas de perturber le sommeil de sa Chacha car ils faisaient depuis déjà pas mal de temps, sur sa demande à elle, lits à part. Les lits jumeaux ont le mérite de préserver la notion de chambre commune tout en limitant grandement la fonction du matelas au seul sommeil. Un sommier de 70, au lieu de 140 ou 150, invite en effet très vite à renoncer d’imaginer même tout débordement des ébat amoureux, surtout pour des septuagénaires ne bénéficiant plus de la souplesse nécessaire pour se lancer sans risque dans de tels exercices.

Lucien, recouché, ne parvint pas à se rendormir.  Travaillé par sa mauvaise conscience ? C’est qu’habituellement, passé l’exaltation des sens vient le temps du scrupule de l’âme. Eh bien, non. D’accord, il avait fait un accroc à son serment de mariage, mais, de là à regretter ce moment, appelé par Thérèse « transcendance sexuelle Tantriste », et par le commun des mortels : infidélité, adultère, trahison ou, plus vilainement encore, fornication ! Honnêtement ? Toujours non. Pas d’autoflagellation de sa journée. Plus tard ? Peut-être ! Pour l’instant, le souvenir voluptueux ne s’estompait sans doute pas assez.

Aurait-il dû passer aux aveux pendant le dîner ? Quand sa Chacha lui avait demandé comment s’était déroulée sa journée, aurait-il dû lui répondre : « Le prof étant absent, je suis allé baiser avec Thérèse pour passer le temps » ? Évidemment impensable ! Essayons de moduler la justification pour en atténuer le choc : « Thérèse m’a invité à venir voir chez elle sa très ancienne horloge à huile et, pour s’occuper, en a profité pour m’apprendre une forme de méditation appelée Tantrisme. » Jusque-là, ça aurait pu encore passer en en restant là. C’est-à-dire en supposant que la conversation dévie aussitôt sur un autre sujet ou qu’un appel téléphonique par exemple de l’un de leurs enfants survienne pour une fois à propos. Mais, immanquablement, sans un tel miracle sur lequel il ne pouvait raisonnablement pas miser, elle aurait eu la curiosité de demander des précisions sur cette méthode de relaxation. Vous vous voyez, dans cette situation les lui donner ?

À la rigueur, quelques années auparavant, il aurait pu rêver de mettre à profit avec elle ladite leçon, sans lui dire où il l’avait apprise. Au fond, sa pratique, une seule fois, osons dire accidentellement, avec une tierce personne, même pas vraiment une amie, ne revêtait aucune gravité. Un petit plaisir sans suite et sans conséquence, simple application du conseil de son médecin de profiter tant qu’il le pouvait encore.  Le plus important, l’essentiel même, restait que cet extra-conjugal, purement sexuel, ne modifiait en rien ses sentiments. Il aimait toujours sa Charlotte avec la même tendresse.

Comparaison ne vaut pas raison mais, tout de même, quand elle allait au cinéma sans lui, ce qui arrivait souvent, le plaisir qu’elle prenait ne le privait lui de rien. Il n’en était pas jaloux, et bien au contraire content pour elle !

En allant au bout de la logique de ce raisonnement, n’aurait-il pas pu, voire du, lui raconter son après-midi tel qu’il s’était réellement déroulé ? Il aurait aimé, non pas avouer, ce verbe supposant un sentiment de culpabilité qu’il n’éprouvait pas, mais le faire simplement, naturellement, comme elle sa journée de bridge. C’est vrai qu’il avait toujours été un indécrottable doux rêveur et qu’il aurait voulu vivre Woodstock et ses promesses de “Peace and love ”. Une utopie ? À chacun la sienne. Ringarde ? À chacun sa génération. Idéaliste certes mais assez lucide tout de même pour  savoir qu’elle ne réagirait pas comme il l’aurait rêvé. Il n’était pas dénué de bon sens et surtout connaissait trop bien, depuis un demi-siècle ! sa petite femme chérie. Inutile de risquer de lui faire de la peine. Pour une seule fois, une seule petite fois en quarante-neuf années de vie commune ?

Et puis, pourquoi faudrait-il tout dire à son conjoint, au risque de le rendre malheureux ?  En l’occurrence pour soulager sa conscience dans l’espoir d’une improbable absolution tout en lui occasionnant de la peine ? Un aveu finalement aux motivations impardonnablement égoïstes, digne du seul Alceste de Molière et de son besoin exalté de sincérité !

Autre angle de la question : chez cette aguichante Thérèse, avait-il eu le choix ? Il aurait certes pu se dérober au bon motif d’être marié. Excuse cependant insuffisante puisqu’elle le savait déjà depuis leur première rencontre sur les bans de l’Université Permanente. Il n’avait accepté d’aller chez elle que pour voir une vielle horloge, jusque-là rien de répréhensible, même en intention et si la visite avait dégénéré en relation “tantriste ” (il insistait sur ce mot plus imprécis que celui de sexuel, comme s’il y trouvait une forme de disculpation), indéniablement, il s’était fait surprendre. Excuse qu’il savait toutefois insuffisante pour un pardon ; n’ayant tout de même pas été violé !

Son esprit tournait, tournait manège, et la réponse finit par lui apparaître clairement au petit matin. Il n’aurait eu aucune chance que la vérité passe comme une lettre à la poste et, de toute façon, il était trop tard pour lui dire la vérité maintenant qu’il avait inventé un récit universitaire de ce mémorable après-midi. À une coucherie, il avait ajouté le mensonge, par omission et par invention, sans doute le pire pour sa Chacha. Ce mensonge était, lui aussi, consommé ; comme son infidélité. De ces deux fautes laquelle était la plus grave ? Finalement il avait bien un regret et même un remord : celui d’avoir inventé cette histoire de théorie des cordes. Si par un malheureux hasard , elle découvrait le pot aux roses, ce serait pour elle une  perte de confiance et encore plus une grave humiliation. À terme c’est lui qui risquait d’être dans les cordes. Risque lui-même apparemment très théorique mais qu’il aurait pu s’éviter.  En se contentant d’expliquer que le l’enseignant n’était pas venu et qu’il en avait profité pour aller voir cette vielle horloge à huile chez Thérèse Moudart,  elle n’y aurait pas vu… ce qu’il fallait y voir. Il  aurait même pu lui en détailler l’étonnant fonctionnement. Mais pourquoi, pourquoi être parti sur un contenu de cours et s’être ainsi compliqué la vie ! Oui, un mensonge inutile, qui plus est qu’il avait pris le temps de préparer soigneusement. En revenant à pied il avait pourtant pris le temps de la réflexion. Pas assez ou encore l’esprit pas complètement remis à l’endroit ?  Là était la tromperie, la trahison.

Mais, désormais, il n’existait plus d’alternative. La balance avait penché du côté de l’instinct de préservation. Pour quelques minutes d’un plaisir sans elle, il n’allait pas jeter aux orties leur belle histoire, cette vie commune qui s’était écoulée si vite et consacrée essentiellement et banalement aux enfants et au travail ! Une entorse dont il se souviendrait certes avec émotion, mais  un secret qu’il avait bien l’intention de garder jusque dans la tombe. Amen. Il  ne s’était agi, en cinquante de mariage, que d’une fois, une seule petite fois. Un 5 à 7 de 3 à 5. Un incident, même pas un accident. S’être fait renverser par Thérèse était tout de même moins grave que de l’être par une voiture en rentrant chez lui ! Le voilà au matin dédouané. Ite misa est ? Vraiment ?

 

 

 

 

 

 

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1 réflexion sur “L’erreur (scène3)”

  1. Sa Chacha !!!! Difficiles ces 3 syllabes. Ne pourrais tu pas lui trouver un autre prénom dont le diminutif soit plus attractif ? (Pas Caroline ou Pierrette …!) Sylvie ? Lydia ? Monique ?
    « S’autoflageller de sa journée » sortis de leur contexte ces quelques mots résonnent bizarrement que nous les entendions individuellement ( qu’est ce qu’une « journée » dans le cas présent ?) ou ensemble …. Se culpabiliser de son écart de conduite ?ou qq chose comme ça ..
    Le raisonnement sur la vision de l’église concernant la « consommation » du mariage me semble un peu fallacieux non ?
    Est ce que Lucien en voulant « préserver » sa Chacha ne se préserve pas lui-même avant tout ??
    Que ces qq remarques ne te décourage pas surtout, j’attend la scène 4 avec impatience.

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