La fermeture éclair

Hypnotisé, je suivais la lente descente du curseur de la fermeture Éclair. J’absorbais chaque détail goulûment : l’angle de la tirette, le bruit des dents se séparant, leurs délicats décalages. L’endroit exact où les dents métalliques quittaient leurs vis-à-vis m’était caché, tel un mystère ésotérique. Le un devenait deux au sein du curseur. Deux gorges s’y rejoignaient en une, la création du deux par le un se répétant sans cesse. Les uns et les deux dansaient dans mon esprit.

  La suite de Fibonacci se déclencha alors naturellement : 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55 et ainsi de suite. Chaque terme était la somme des deux termes qui le précèdent. Les quotients de deux termes consécutifs étaient des approximations du nombre d’or ! Le nombre d’or ! La divine proportion ! Je me projetais dans les domaines de l’architecture, la peinture, la biologie, la musique, la géologie et l’archéologie sur les traces de (1 + √5)/2. Le tournesol, le théâtre d’Epidaure, le cristal de quartz, Le Corbusier, La Naissance de Venus, Xenakis alimentaient mon extase mathématique.

   La descente du curseur s’arrêta soudainement. Je revins à mon environnement. J’en avais oublié la fascinante poitrine qui se dévoilait à moi dans une combinaison en cuir rouge. Le visage fermé de mon amante confirma qu’elle s’était aperçue de ma divagation et de mon manque d’implication dans son strip-tease. La remontée du curseur fut brève, sèche et accusatrice…

Les chants chimériques d’un chaman extatique

Ce texte dans l’idée et le style me rappelle avec amusement celui que j’avais publié ici l’an dernier et paru dans le recueil “Sur le fil” “Entre ses doigts”.

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