Me laissant tenter mais sans savoir où je vais dériver ! 😉 et à la demande générale (même pas vrai 😀 ) j’ai fait une suite à « mon chapitre le plus court ». Légèrement plus long !
Sous un ciel encore noir d’une tempête épuisée, un pinceau de soleil s’infiltre entre deux nuages encore menaçants. L’Elgarve en ce début d’après-midi, tout heureuse de pouvoir reprendre la mer, se prépare à quitter l’escale de Puerto Williams et s’ébroue telle une marmotte sortant de son sommeil. Son moteur diesel se chauffe la gorge, les pales de l’hélice se dégourdissent au ralenti, des marins à la proue et à la poupe bavardent avec des manœuvriers sur le quai encore détrempé en attendant l’ordre de désarrimer les filins des deux énormes bittes du port. Sur la passerelle de navigation, il observe quelques instants les manœuvres, puis s’enharnachant de son sac, il serre la main du commandant, le remercie de l’avoir pris à bord à Saint Nazaire, rejoint le pont tribord, descend les marches de la coupée et met pied à terre ; après des semaines de mer, Il tangue légèrement, regarde autour de lui et se retourne pour saluer l’équipage.
Le bruit du quatre temps monte d’un cran, le bouillonnement au pied de l’étambot s’intensifie, le navire, libéré de ses amarres, s’écarte lentement du quai, pivote doucement de 45 degrés et à petits nœuds se dirige vers les feux de sortie du port avant de disparaître de l’autre côté de la digue, plein nord, destination Bahia Blanca en Argentine. Le son grave de sa sirène, à demi étouffé par le vent, adresse un aurevoir aux iliens de Navarino.
Le silence est revenu, les quelques badauds retournés à leurs occupations, Il se tient immobile, les mains dans les poches, semblant hésiter sur sa direction quand un gros Fenwick chargé de palettes l’oblige à s’écarter. À l’autre bout du monde que vient-il faire ?